lundi 19 juillet 2010

STORYTELLING, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits - Christian Salmon

Encore un livre intéressant, qui montre en commercialisation, en communication et en relations humaines, voire en management et en stratégie, et bien sûr en politique nationale et internationale :
- l’importance de la dose/ du dosage lors de l’utilisation d’un outil
- la frontière ténue entre la mise en valeur d’un objet, d’une personne morale ou physique, d’une - idée, et la manipulation organisée
- le passage du rationnel à la croyance, du réel au virtuel qui caractérisent les décennies récentes.

Raconter une histoire (storytelling) a toujours existé et peut faciliter entre autres la mémorisation, la motivation, un changement utile de comportement. Des experts s’en servent un peu trop et à grande échelle depuis 20 ans pour mieux formater les esprits des consommateurs, des citoyens, voire des dirigeants.

Christian Salmon est écrivain et chercheur au CNRS et chroniqueur au Monde.


STORYTELLING La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits
Christian SALMON écrivain et chercheur au CNRS (CR sur arts et langage) 2007-2008 Ed. La Découverte 251 pages
http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=2682
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/11/SALMON/14124
http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Salmon

Introduction la magie du récit, ou l'art de raconter des histoires p 5
Le « storytelling revival » 8
Le récit comme instrument de contrôle 11
« Des histoires qui racontent vraiment ce que l’Amérique peut et doit être » p 14
Une inquiétante prolifération 17

1 des logos à la story p 21
la crise des marques p 23
sous le swoosh (virgule stylisée de Nike), les sweatshops 25
what’s in a name ? p 28
la marque est un récit p 32
L’ « univers narratif » des marques p 36
The Dream Society p 39

2 L’invention du storytelling management p 45Une histoire de notre temps p 45
Le mutisme des start-up p 47
Une histoire du silence p 50
La chasse au silence et l’injonction aux récits p 53
Le « tournant narratif » des théoriciens du management p 56
Mettre en récits la vie au travail p 59
Les fables magiques des gourous du capitalisme p 62
Les gourous, pourvoyeurs de modes managériales p 66
Shakespeare on management p 71

3 La nouvelle « économique fiction » p 75Les call centers indiens, foyers de la mondialisation des consciences p 75
Les « âmes délocalisées » p 77
La « fictionnalisation » des relations de travail p 80
Le nouveau modèle d’autorité du capitalisme émotionnel p 83
Fiction d’entreprise ou entreprise de fiction ? p85
Les effets déstructurants de l’apologie du changement permanent p 90
La réponse du storytelling 92

4 les entreprises mutantes du nouvel âge du capitalisme p 95Management d’un déménageur chez Renault p 95
Le storytelling assisté par ordinateur p 97
Les « entreprises récitantes » p 101
Enron, une fabuleuse histoire de Wall Street 104
La story, nouvel monnaie du management financier p 107

5 La « mise en histoires » de la politique p111Les spins doctors, gourous de la pol, ont importé depuis lgtps aux USA les méthodes du STM
Ashley’s story 111
Une famille du 11 septembre p 113
« Ils racontent une histoire, nous récitons une litanie » p 116
Le pouvoir par le récit p 121
Le grand narrateur Clinton et ses disciples Clinton et Sarkozy p 126
Les présidents postmodernes p 129
Le Watergate et l’avènement des spin doctors 131
Créer une contre-réalité p 134
La stratégie de Schéhérazade p 137

6 storytelling à Bagdad p 141Guerre virtuelle à Bagdad p 141
De la guerre froide à la guerre feinte p 145
La querelle du « réalisme » p 149
« Avons-nous la bonne histoire » ? p 153
Le story drive project p 154
Des “ armes de distraction massive” p 157
La guerre, une contre-narration 160
La coopération Hollywood-Pentagone p 164
La série 24 heures chrono, ou la normalisation par la fiction de l’état d’exception p 167

7 l’empire de la propagande p 171« Nous sommes un empire et nous créons notre propre réalité » p 171
De la propagande à l’infotainment p 175
Fox News, une mutation dans l’histoire des médias p 178
L’industrie du mensonge p 181
Un magicien au quartier général p 185
De Uncle Ben’s à Uncle Sam p 189
Le storytelling comme propagande 193
Le « feu dans les esprits » p 195

Conclusion le nouvel ordre narratif p 199
« Henri Guaino, une mythologie de la France » 200
Les « histoires » de Nicolas et Ségolène 204
Quand les cabinets de conseil américains abolissent la politique p 208
« l’ennemi c’est l’histoire » p 211
Postface à l’édition de 2008 la saison 1 du storytelling p 215
Notes p 227
Bibliographie p 241

dimanche 18 juillet 2010

Patrick d'Humières LE DEVELOPPEMENT DURABLE va-t-il TUER le CAPITALISME - les réponses de l'éco-capitalisme

Ouvrage RICHE et PUISSANT, écrit par un praticien et un ancien de la Communication Corporate, expert en DD et RSE, qui montre bien les enjeux et la nécessité, notamment pour les grandes entreprises internationales, de changer leur modes de pensée et de management, si elles veulent survivre et prospérer à terme.
Ceci en créant notamment une authentique relation avec les "parties prenantes" et en ne se focalisant plus seulement sur leur propre intérêt, sur les demandes de rendement à CT et de cours de bourse des actionnaires, ni bien sûr en faisant "semblant "de croire et de pratiquer le développement durable.
De bonnes pistes pour une (r)évolution culturelle

Le DEVELOPPEMENT DURABLE va-t-il tuer le CAPITALISME – les réponses de l’éco-capitalisme -Patrick d’Humières Maxima / Laurent du Mesnil Editeur 223 pages , 2010 . P d'H: IEP, communication d’ets, RSE, dont LEEM
http://www.ecocapitalisme.org/ http://www.institutrse.com/

Préface de Jean-Hervé LORENZI P 9
Introduction Les chefs d’entreprise (ets) seront-ils les derniers à tirer les enseignements de la mutation de la Société (Sté)? p 11
PARTIE I L’échec de l’auto-régulation comme principe d’organisation économique
1 Médias et société civile : la nouvelle alliance p 21
2 Des principes supérieurs s’imposent désormais à l’action économique p 27
3 La société civile réclame une part plus importante de la valeur ajoutée p 37
4 la fonction bouc-émissaire et le rejet culturel des puissances multinationales p 43
PARTIE II La revanche des parties prenantes.5 des défis planétaires imprévus s’imposent à l’économie de marché p 65
6 la fausse réponse du philantro-capitalisme aux enjeux collectifs p 73
7 les « parties prenantes » frappent à la porte des entreprises p 79
8 la régulation du marché, seule façon de gérer les enjeux de « durabilité » p 89
9 la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise, schéma de transition vers le modèle durable p 101
PARTIE III Comment l’entreprise du 21e siècle intègre l’intérêt général dans son développement10 le capitalisme doit d’abord relever un défi cptable pour rendre cpte de la valeur réelle créée p 127
11 les 7 piliers du nouveau management responsable et durable p 135
12 les acteurs éco participeront-ils à la construction de la nvelle régul durable des marchés ? p 151
13 l’éco-capitalisme succédera-t-il au capitalisme financier ? p 171
Conclusion l’entrepreneur a une mission politique à laquelle il ne peut plus échapper p 185

ANNEXES
1 l’appel dans la crise du Collège des Directeurs de DD Engagés p 196
2 le manifeste du World Business Council for Sustainable Development p 199
3 Chronologie des avancées du modèle durable p 203
Bibliographie p 217

lundi 5 juillet 2010

COMMERCE MONDIAL et DEVELOPPEMENT DURABLE - Christian Schnakenbourg & Alfredo Suarez

Christian Schnakenbourg , prof d’économie Université Picardie Jules Verne et Alfredo Suarez même Univ et chercheur au CRIISEA (Amiens) sur commerce, institutions monétaires et financières internationales 2008 160 pages Hachette

Un livre « nerveux » et dense, notamment dans sa partie I, qui montre l’utilité et les limites du commerce international et des institutions telles que celles autour du GATT et de l’OMC.
Le commerce international représente 1/3 du PIB mondial donc il est incontournable. Les phases d’échanges commerciaux ont correspondu avec des phases de croissance économique (action dans les deux sens), tandis que, inversement, stagnation et protectionnisme vont de pair à long terme.

Les organisations d’après 1945 GATT puis OMC sont loin d’être parfaites : lourdeurs administratives, difficultés de trouver des accords et consensus, processus lents d’arbitrage et de modifications de comportement d’un pays ne respectant pas les règles (plus d’un an pour aboutir)
Elles ont cependant abouti : les pays sont prêts à/obligés de discuter, droits de douane et quotas ont progressivement baissé, multilatéralisme contre bilatéralisme et loi du plus fort.
Le dumping social et monétaire, les barrières non tarifaires existent toujours, mais sont plus visibles.
Le GATT puis l’OMC sont un lieu de conflit/ négociation entre les USA et l’Union Européenne, puis, en plus, entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Ce livre montre que les grands combats menés par les USA ne sont pas au nom de la justice et de la liberté mondiales, mais très clairement pour défendre leurs intérêts : plus de débouchés pour leurs industries et leur agriculture, moins de concurrence sur les marchés internationaux, défense à l’occasion de leurs producteurs nationaux , soit via prêts bonifiés, autres aides, quotas, (producteurs de coton, sidérurgie) ou systèmes offensifs souvent non autorisés (attaque du roquefort, du foie gras, etc. afin de permettre l’exportation de viande « aux hormones »). Les attaques contre la Pol Agri Commune et AIRBUS sont clairement biaisées.
De « luttes » entre USA et Europe, le système de négociations s’est complexifié avec la montée en puissance des pays émergents (dont Brésil), l’entrée de la Chine dans l’OMC, des alliances des uns sur certains sujets.
Des chantages et modes de négo. : normes, droits à protéger des secteurs dans les PVD, le DD pris comme une solution des pays riches pour culpabiliser les pauvres, notamment sous le volets environnemental
Croissance cependant de l’intégration de la lutte contre la pauvreté et commerce international ; malgré effets pervers (agriculture PVD orientée vers l’export, qui ne nourrit pas sa population
Par rapport au multilatéralisme, tentations du bilatéralisme et de la régionalisation, afin de négocier plus facilement et de tirer plus d’avantages.
Le Livre est intéressant mais moins fort dans sa partie II, car l’actualité est plus récente et les débats/ argumentations des auteurs et des parties prenantes, avec les plus et les moins, moins définitifs.

Introduction p 7
PARTIE 1 LE MULTILATERALISME COMMERCIAL
Chapitre 1 l’Organisation mondiale du commerce p 13
1 le libéralisme commercial international p 13
A « free trade », « fair trade » et entraves aux échanges internationaux p 13
B Evol. en longue période des pol. commerciales et douanières jusqu’à la 2e Guerre Mondiale 16
C Libéralisation croissante des échanges dans la 2e moitié du 20e siècle p 20
2 Organisation et fonctionnement de l’OMC p 23
A définition, fonction, composition p 23
B structure et gouvernance p 25
C OMC instance de règlement des conflits commerciaux internationaux p 28
3 Une institution critiquée mais indispensable p 32
A OMC et mondialisation p 32
B les insuffisances de l’institution p 34
C OMC, instrument de l’hégémonisme américain ? p 40

Chapitre 2 les négociations commerciales multilatérales et la libéralisation de l’accès aux marchés p 451 de Marrakech à Doha : le difficile lancement d’un nouveau cycle de NCM (1995- 2001) p 45
A Le conflit entre l’Europe et les Etats-Unis sur l’agriculture p 45
B L’évolution du multilatéralisme commercial p 50
2 grands dossiers du « programme de Doha pour le dévppt » et évol. des négo depuis 2001 p 56 A Le dossier agricole jusqu’à Hong-Kong (2001-2005) p 57
B les autres dossiers du cycle de Doha p 57
C Après Hong Kong : l’enlisement (depuis 2006) p 75

PARTIE 2 LIENS entre COMMERCE INTERNATIONAL, CROISSANCE ECONOMIQUE et DEVELOPPEMENT DURABLE
Chapitre 3 Commerce international et développement durable p811 Evolution historique du débat : de la « protection de l’environnement au « DD » p 81
A l’émergence du débat sur l’environnement à l’époque du GATT p 81
B une nouvelle problématique : le « développement durable » p 85
2 L’OMC face aux enjeux du DD p 92
A le DD mission fondamentale de l’OMC p 92
B crise alimentaire et retour du protectionnisme agricole p 95
C la sécurité alimentaire, fondement du DD p 97
D croissance économique et protection de l’environnement p 100
E délocalisation industrielle et normes sociales p 105
F des lacunes institutionnelles de l’OMC p 108

Chapitre 4 Multilatéralisme et régionalisme : les limites de l’intégration commerciale p 1111 Perspective historique : libre-échange ou ensembles autocentrés ? p 111
A Les théories traditionnelles de l’intégration régionale p 111
B Le régionalisme à l’époque de la Guerre Froide p 114
2 « Nouveau » régionalisme et multilatéralisme p 123
A Le renouveau théorique de l’intégration régionale p 124
B L’économie politique du nouveau régionalisme p 141

Conclusion générale p 151
Conseils bibliographiques p 155